«Ces deux médias, profitant notamment de la faiblesse des institutions et d’un bouclier politique, avaient servi de tribune pour leurs propriétaires, leur garantissant une concurrence très déloyale qui avait permis pour l’un de gagner quatre sièges à l’Assemblée des représentants du peuple, et à l’autre, une place au second tour de l’élection présidentielle et pour son parti Qalb Tounès 38 sièges à l’ARP et une forte influence sur la vie politique», selon Hichem Snoussi
Dans l’impunité la plus totale et dans une illégalité éhontée, la chaîne de télévision Nessma TV et la Radio pirate Radio Coran avaient continué à diffuser leurs programmes en envoyant promener la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) qui avait, à plusieurs reprises, mis en garde ceux dont les dossiers sont douteux.
Hier, la Haica a pris une nouvelle fois des mesures, aidée sans aucun doute par ce vent nouveau qui a fait voler le voile de couverture politique. Hichem Snoussi, membre de la Haica, a annoncé que le matériel de ces deux diffuseurs illégaux a été saisi en application des décisions antérieures. «Ces deux médias, profitant notamment de la faiblesse des institutions et d’un bouclier politique, avaient servi de tribune pour leurs propriétaires, leur garantissant une concurrence très déloyale qui leur avait permis pour l’un, quatre sièges à l’Assemblée des représentants du peuple, et pour l’autre, une place au second tour de l’élection présidentielle et pour son parti Qalb Tounès 38 sièges à l’ARP et une forte influence sur la vie politique».
Nessma TV, dont le principal actionnaire n’est autre de Nabil Karoui, est une chaine dont le montage financier est «douteux», selon les propres termes de Hichem Snoussi. Il ne s’était pas montré collaboratif avec la Haica, malgré les multiples relances. «Depuis 2014, la Haica réclame à la chaîne de régulariser son dossier, mais sans aucun avancement. Une situation qui confirme la mauvaise foi des dirigeants de cette chaîne. Malheureusement, ce sont les journalistes, les techniciens et l’ensemble des employés qui paieront encore une fois les pots cassés».
De son côté, Said Jaziri, député et propriétaire de la radio pirate du Coran, a lui, travaillé sur un registre religieux, en essayant notamment de faire croire, lors de ses longs tête-à-tête avec de fidèles auditeurs, que la Haica faisait «la guerre au Coran et à la religion». Ses propos avaient même engendré un mouvement haineux de protestation devant le siège de l’instance il y a un an.
Mais ce qu’il omet de dire, c’est que la Haica, comme institution, ne juge pas la vocation de la radio, mais plutôt son dossier juridique. Or son dossier juridique est bourré d’irrégularités. Pour résumer, la radio de Jaziri est tout simplement une radio pirate qui n’a nullement le droit d’émettre.
Pour pouvoir mettre en application ses décisions, la Haica a dû faire appel à la police. Une décision qui a heurté certains employés de la chaîne de télévision Nessma, qui ont considéré que le déploiement des agents de sécurité était disproportionné.
Cependant, ces médias ne sont pas les seuls à avoir des dossiers qui ne sont pas complets sur le plan juridique. Les responsables de la Haica demandent notamment aux chaînes de télévision Hannibal TV et Zitouna TV de se conformer aux décisions et de cesser d’émettre en attendant de régulariser leur situation juridique.